Encore un nouvel article dans l'express, je le trouve tout simplement beau ! De passage chez nous pour un unique concert, Lara Fabian s’est livrée le temps d’une rencontre avec la presse. On aurait souhaité davantage d’intimité …
Elle arrive enfin. La blondeur de ses cheveux nous empêche de la reconnaître, mais rapidement, la gentillesse qui émane d’elle a de quoi accrocher le regard. Les cheveux lisses, des lunettes posées sur le bout du nez, qu’elle enlève rapidement pour permettre aux photographes de la prendre en photo.
Toute menue dans sa belle jupe soyeuse qu’elle porte joliment, Lara Fabian est comme on l’imaginait. Elle réussit le délicat mariage de la finesse et de la vigueur. D’autres seraient effondrés de fatigue après de longues heures dans l’avion sans avoir fermé l’œil. Elle, non. Sa joie d’être là est communicative, même si son garde du corps fait de l’excès de zèle.
Installée, elle conserve la maîtrise au début, se laisse aller ensuite. Elle parle avec volubilité, sans contrainte.
Lara Fabian a le goût de dire. Elle prend le temps de répondre aux questions. Elle est simple et amicale. Elle est vraie. Elle a de l’instinct et une sensibilité aux aguets. Avec elle, c’est le mélange subtil de la sensibilité et de l’intelligence.
Aventure bavarde On est vite sous le charme. Elle ne se prive pas des mots et quand on est face à elle, c’est une aventure bavarde, qui ne se lasse à aucun moment. « Je ne m’explique pas la sincérité du public. Depuis dix ans que la France m’a ouvert un espace de travail, j’ai un public fidèle. Je vis cela comme une histoire d’amour. »
Et l’amour, Lara Fabian le chante dans les quatres langues qu’elle manie à la perfection. « Je finis toujours par parler d’amour car c’est la chose la plus importante de ma vie. »
Lara Fabian est lumière. Avec elle, triomphe les sentiments vrais et l’humain. L’amour qui dicte sa création artistique, la porte toujours au loin. Et quand les critiques ont été acerbes face à sa faculté de pousser si loin la voix, Lara Fabian a su se relever.
« Peut-être que quelque part je tendais le bâton pour que l’on me batte, mais je suis Italienne d’origine, chez moi, on cultive l’altruisme, la gentillesse et la sincérité. Je ne comprenais pas toute cette violence qui a déferlé sur moi. Cette douleur cuisante que j’ai ressentie en France, m’a forcé à réapprendre les rapports que j’entretenais avec les médias. Aujourd’hui, j’essaye d’être moi le plus possible, quitte à attirer l’amour ou le désamour. On ne plaira jamais à tout le monde.»
Échec Lara Fabian n’a donc jamais eu peur de prendre des risques. Dans son métier, elle cultive le désir d’apprendre encore et toujours, pour se perfectionner, pour donner le meilleur, si ce n’est, pour tout donner.
Le quasi échec de son deuxième album anglophone lui a ouvert les yeux. « Mon seul grief c’est que certaines multinationales font de la musique une denrée périssable. Les treize chansons de cet album resteront pour moi. Ce n’est donc même pas un échec, puisque ni le public, ni les médias ne l’ont écouté. C’est un échec uniquement face aux réalités d’un commerce.»
Avec l’album en italien qui arrive l’année prochaine, Lara Fabian veut aller vers d’autres publics. « Là au moins, je n’aurais pas affaire à une multinationale. » Cette idée semble lui faire pousser des ailes. Généreuse, Lara Fabian écrit et compose pour les artistes issus de la télé-réalité : Nolwenn Leroy et Myriam Abel. «Je ne suis pas le genre qui juge. Je trouve ça stérile. Tous les artistes ont droit à une vitrine. Ce sont ceux qui sont autour qui en font un business. Quant à savoir si on devient artiste en trois mois, je ne crois pas. Mais est-ce qu’on le devient en 30 ans ? Je n’en sais rien non plus ! »
« Quant à savoir si on devient
artiste en trois mois, je ne crois
pas. Mais est-ce qu’on le devient
en 30 ans ? J’e n’en sais rien non plus ! » Pas de langue de bois ou d’hypocrisie. Elle a ses convictions et sait les défendre avec des mots bien sentis.
Avec elle, il n’y a pas de place non plus pour du babillage. Cette chanteuse qui parle sans se priver des mots, sait aussi les utiliser de la plus brillante des manières. Elle ne se répète pas, mais a l’art de convaincre, comme ses chansons de toucher. Les chansons légères, c’est pas son truc. S’engager au profit d’une cause, est une manière logique de concevoir son métier.
« S’engager, c’est une façon de légitimer ce qu’on fait. » C’est donc l’art et la manière de concevoir un album.
Nature sincère Un travail de création dans lequel Lara s’attèle avec exigence. « Ce n’est pas un devoir cérébral, mais une démarche artistique de l’âme. Avec la culture vient l’enrichissement. Questionner la société et la politique, c’est uniquement par instinct. Mon objectif à moi c’est de faire passer l’amour. Je suis perpétuellement à la recherche de ce sentiment.»
De nature sincère, Lara Fabian ne joue pas à la star. Elle l’est. Mais elle peut être aussi très proche de nous, comme lorsqu’elle parle de sa passion pour la cuisine. « Je suis passionnée de gastromonie. » Dans sa cuisine, elle se délecte des recettes de sa grand-mère, si elle n’est pas en train de lire Amélie Nothomb ou la biographie de Charlie Chaplin.
Lara Fabian a appris à être proche des autres. Elle a aussi appris à s’abandonner, sans trop se montrer. A-t-elle mûri ? « J’ai surtout vieilli ! » s’exclame-t-elle dans un éclat de rire.
Lara Fabian si douce, si pleine de son art, tellement attachée à la scène et à cette envie de donner avant même de songer à recevoir, n’a qu’une seule limite : celle d’être une artiste complète.
La grande Lara «J’ai eu rarement l’occasion de vivre les premières fois récemment, je vais donc déguster chaque seconde passée en votre compagnie ! » Lara Fabian sait parler à son public. Après le «Bonsoir Maurice» retentissant, elle déroule son charme et fait le show.
Authentique artiste, née avec son art, Lara Fabian est musique et énergie. Très mobile sur scène, elle explore tous les coins, s’approche du public, lui fait des sourires angéliques, dans ce blanc immaculé qu’elle porte majestueusement.
C’est un tour de chant exceptionnel, auquel nous avons eu droit, en dépit de quelques couacs sonores.
Sa voix prend toute la place, puissante, fulgurante... Lara Fabian est lumière, musique, rêve et mélancolie. L’amour qu’elle chante à tous les temps, vous tient alors par la peau du cœur, pour ne plus lâcher prise. Nous voilà comblés, lorsqu’elle entame les premières notes de J’y crois encore, qu’elle revisite Tout, cette chanson qui lui a valu la consécration et une Victoire de la musique. Qu’elle invite son public à la rejoindre en chanson sur le refrain de Humana, Lara Fabian se laisse aller, sans effusion et surtout sans remplissage.
Les guitares et la batterie, ouatées par le piano, poussent des mélodies tendres, enrobées de douceur. Tandis que nos cœurs palpitent, que nos peaux frémissent, et que nos yeux pétillent, Lara Fabian s’improvise en petite fille et nous raconte en deux voix, cette belle histoire de «tapin de Noël».
Aux premières notes de Bambina, l’émotion est à son paroxysme. La musique sonne bleu nuit. Elle s’habille ensuite de couleurs plus vives sur L’homme qui n’avait pas de maison. L’histoire de ce SDF qui ne voulait pas de chanson triste,» distille une bonne humeur communicative.
Jamais une artiste a autant maîtrisé
son art et ses cordes vocales.
On n’en attendait pas moins de Lara Fabian,
mais on ne savait pas qu’elle était aussi
énergique. Dans un tour de chant
en toute intimité mercredi au Centre
Swami Vivekananda, la belle de
scène a égrené le meilleur de son
vaste répertoire. Le public, totalement
conquis, lui a tout donné.
Quelques accords plaqués plus loin et voilà que son Ave Maria prend d’autres aigus. Un délice. Un ravissement.
Avec Lara Fabian, l’aventure musicale devient aussi aventure bavarde. Son hymne à la tolérance et au respect des différences, La différence entamée, et son humanité prend toute la lumière.
L’artiste aime aussi les silences, pas ceux qui sont pesants, mais ceux qui sont remplis de sens. «Ce soir, je vais tout faire avec mes potes pour que le silence soit la plus belle des musiques.» Nous voilà aux anges, pour notre goût des mélodies inspirées, bien senties et vraies. «Merci pour votre île magique».
A très très bientôt, je vous aime ! » Les notes douces de Je t’aime, repris en cœur par le public, lui ont valu un autre standing ovation. Un autre moment de grâce. Au prochain tour de chant Lara !
Martine LUCHMUN